Text: Alain Aurenche. Other. Miserere Pour Messire De Rais.
Prelati
Va chercher cet enfant
Si bel et si gracieux
Retribue largement
Les geniteurs soucieux
Et leur dis
Qu'ils n'aient point de soucis
Il sera fort choye
En notre seigneurie
Mais, mort Dieu
A Rouen tes prelats
Ont roti la pucelle
Et je suis encore la
A batir tes chapelles
Ou j'epuise mon or
A glorifier le ciel
Et je clame et j'implore
Et mon vin tourne en fiel
Au milieu de ces fastes.
Le chien quand il a faim
Retourne a son vomi
J'en appelle a tes saints
A la vierge Marie
« Gardez Gilles de Rais
Que les tourments devastent
Je vais recommencer »
Lucifer m'a etreint
Les flammes du brasier
Se tordent a mes reins.
Viens, petit
Il ne faut point trembler
Nous te devetissons
Pour te mieux caresser
Tendre chair en frissons
Mon joli
Tu seras notre page
Nous allons bien t'aimer
O! Delectable ouvrage.
Mais, mon Dieu
Cet agneau eventre
Me donne par son sang
La cire qui va sceller
Le pacte avec Satan
Je le lui tends souille
Dans son ame et son corps
Que mon pal a fouille
Comme le groin du porc
Fouge au fond de son auge
Il me doit l'alchimie
Qui fera ma fortune
Et l'immortelle vie.
J'ai dechire la lune
Avec mes freres les loups
Dans les bois de Tiffauges
En des hurlements fous
Que vienne le malin!
Et mes gens a genoux
Se signent de la main...
Va, Henriet
Cacher en terre chretienne
Ce ventre depece
Avant que le jour vienne
Le jour est indiscret
Dis, en vrai
Lequel est lemieux fait
Que je l'embrasse encore
De tous ces chefs tranches.
Mais, mort Dieu
Je suis ta creature,
Quand j'interromps le cours
De la triste nature
Qui fletrit sans amour
Leur fragile beaute
Alors que tu les livres
Au temps qui les defait
Et dont je les delivre
Par furieuse tendresse.
Jeanne avait dans ses voix
Le delicieux presage
Des bannieres du bon droit
Aux immondes carnages.
Elle est sainte fieffee
Me leguant des ivresses
Ou je me suis damne
Mais par ton fils en croix
Que tu as fait clouer
Suis-je donc pire que toi.
Viens, Blanchet
Entends-tu ce mendiant
C'est la voix d'un archange
Vas querir cet enfant
Qu'on l'habille et qu'il mange
Mon bucher
Sera sa cathedrale
q
Qu'il y chante a ma mort
Jusqu'a mon dernier rale.
Miserere pour Messire de Rais....
Alain Aurenche